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Du sport ou du cochon

Le sport entre les lignes et à l'ancienne

Les visages de Paris 1924, Chayriguès, un enfant terrible dans les cages

Un siècle avant les JO de 2024, qui auront pour cadre la capitale française, Paris organisait les derniers Jeux en date sur les bords de  Seine. Celles et ceux qui ont alors fait l’actualité ont tous marqué de leur empreinte l’histoire de l’olympisme. Cette galerie de portraits vous invite à les découvrir au moment même où Paris s’invente un nouveau destin olympique…

Image http://gallica.bnf.fr

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    Dimanche 1er juin 1924, Colombes. Le huitième de finale du tournoi olympique de football a attiré la foule des grands jours. 45 000 spectateurs pour un record de recette de 300 000 francs aux guichets. Face à l’équipe de France, qui a disposé quelques jours plus tôt de la modeste Lettonie 7 buts à 0, la Céleste, surnom de la redoutable et spectaculaire sélection uruguayenne au maillot bleu ciel. Dans les buts des Bleus - qui ce jour-là jouent…en rouge -, un gardien dont la renommée dépasse largement ses 1,70 m. Pierre Chayriguès est une figure du sport français, l’un des rares footballeurs à pouvoir prétendre à la Une de « L’Auto » aux côtés des cyclistes et des boxeurs, champions les plus populaires du moment. Il faut dire que ce banlieusard est une tête brûlée, premier gardien bondissant à dégager des deux poings, sauter ou plonger dans les pieds des attaquants adverses. Son premier coup d’éclat remonte au 17 mars 1912. Alors âgé d’à peine vingt ans, il permet à l’équipe de France de s’imposer 4 buts à 3 face à l’Italie au Campo Torino. Casquette impeccablement vissée sur la tête, ses bonds et ses arrêts spectaculaires sur la pelouse turinoise dégoûtent les attaquants italiens.

Images http://gallica.bnf.fr

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    La réputation du gaillard, pas manchot non plus pour aller soutirer des primes à la fédération les lendemains de matches, ne tarde pas à franchir les frontières. En 1913, le club professionnel des Tottenham Hotspurs lui propose de venir jouer à Londres contre une somme de 25 000 francs. Chayriguès hésite, tempête sous une casquette… Puis il refuse, sans doute convaincu par une contre-proposition sonnante et trébuchante de son club de toujours, le Red Star. L’amateurisme, ce n’est pas trop son truc au Pierrot et il ne s’en cache pas. En 1914, au lendemain de sa onzième sélection, il claque même la porte de l’équipe de France, pour ce qui semble être une affaire de “prime” non honorée. Après la guerre, il lui faut attendre le début des années 1920 pour retrouver son meilleur niveau. Avec lui, le Red Star signe même un triplé retentissant en Coupe de France, remportant le trophée à trois reprises en 1921, 1922 et 1923. De quoi lui ouvrir à nouveau le vestiaire des Bleus, dont il est le gardien titulaire pour ces Jeux olympiques de 1924 disputés à domicile.

Image http://gallica.bnf.fr

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    Contre l’Uruguay pourtant, il ne peut endiguer les assauts des joueurs de la Céleste, en route pour le premier de leurs deux titres olympiques. Menés dès la troisième minute par un but d’Hector Scarone, auquel répond Paul Nicolas neuf minutes plus tard, les Français sont ensuite submergés par la vague uruguayenne. Auteur de deux buts Pedro Petrone sera même le bourreau bien involontaire du courageux Pierrot. En plongeant dans ses pieds pour éviter à ses filets de trembler une fois de plus, Chayriguès s’enfonce une côte. Au final, la France s’incline 5 buts à 1 et quitte le tournoi olympique. Chant du cygne à Colombes. Le gardien des Bleus, pourtant habitué aux blessures en tout genre – bras cassé, fracture du bassin et de l’épaule, doigts écrasés, péroné et cheville brisés, un inventaire à la Ouvrard…- sent que la fin de carrière approche : « Je commençais à devenir fragile et je m’en aperçus indiscutablement à ce fait que la Ligue Parisienne et la Fédération commencèrent à trouver que je leur coûtais trop cher, ironise-t-il quelques années plus tard dans ses souvenirs parus dans « L’Auto » en 1929. Mes notes de médecin et de pharmacien devenaient trop fréquentes et l’on y faisait des allusions désobligeantes; j’avais cependant été blessé en « service commandé ». Un « service commandé » qui pour Chayriguès a toujours eu un prix. Retraité des terrains après vint-et-une sélections internationales, il affirmera d’ailleurs n’avoir jamais joué une seule fois en équipe de France sans recevoir de prime...

 

Autres visages des JO de 1924 à découvrir : Johnny Weissmuller, Géo André et Louis Faure-Dujarric

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