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Du sport ou du cochon

Le sport entre les lignes et à l'ancienne

J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.6)

J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.6)

Vainqueur du Tour de France cycliste 1909, le jovial François Faber était avant la Grande Guerre un champion populaire. Grandi en banlieue parisienne, le « Géant de Colombes », généreux et bon vivant, avait opté pour la nationalité luxembourgeoise de son père, mais était considéré par le public comme un enfant du pays. Quand la guerre éclate pendant l’été 1914, il s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la France, qui avait fait « sa fortune ». A l'occasion du centenaire de l'Armistice, c’est en hommage à son parcours et à celui de tous ses frères d’armes tombés au combat qu’il nous raconte à sa manière ses derniers jours.

« J'ai jamais été un lâcheur, pas plus maintenant que sur un vélo. Mais comme tous les gars ici, j'aimerais bien parfois que ce bazar s'arrête. Toutes les nuits maintenant, nos artiflos bombardent les lignes allemandes. Derrière les chevaux de frise, les Fritz dégustent. Nous aussi : on essaie bien de gratter quelques minutes de sommeil, mais avec la trouille que les Boches nous marmitent à leur tour et le barouf fait par les obus qui pleuvent, ceinture ! La plupart du temps, on se serre, comme des moineaux sur un fil télégraphique. Ah ça, on a moins fière allure qu'en août 1914 quand on s'est enrôlés ! Trois mille Luxembourgeois qu'on était à Paris, venus comme un seul homme nous engager pour défendre la France et notre petit pays. Qu'elle semble loin la caserne de Reuilly… "Bon pour le service !", qu'ils ont dit et v'là bibi devenu le matricule 25860. Depuis, les légionnaires du 1er Etranger en ont vu du pays : les classes à Bayonne, le regroupement de tous les volontaires dans l'Yonne, le départ au front et le baptême du feu, en Champagne. Et aujourd'hui, l'Artois. Mon bataillon, le C, attend toujours des nouvelles. On sent qu'une offensive se prépare, un truc bien plus maousse que ce qu'on a connu fin 1914 autour du fort de la Pompelle, où ça a pourtant méchamment bastonné. Mais bizarrement, si j'oublie une minute le manque de sommeil, ces mois de vie à la dure m'ont pas trop usé. Je me sens assez costaud et je me dis parfois que si la saison cycliste commençait maintenant, les camarades devraient en mettre un sacré coup pour me suivre ! Mais faut pas penser à ça… Si seulement j'pouvais recevoir une lettre d'Eugénie aujourd'hui pour m'annoncer la bonne nouvelle. Mince, v'là que j'pique du nez… J'vais essayer de pioncer un peu. A la revoyure !"

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